"vers l'incalculable d'une autre pensée de la vie"

Month: February 2016

Compte rendu de séance: 24 février 2016

SÉMINAIRE « BIOGRAPHIE »

Mercredi 24 février 2016 – Maison de la Recherche, salle 2.44 – 15h-17h

Ce séminaire de recherche récurrent se donne pour objectif d’animer la recherche collective d’un groupe de chercheurs rattachés à différents laboratoires de la Fédération CRISIS, dont les préoccupations se rapportent de façons diverses, mais convergentes, à la thématique de la biographie au sens large.

Ce groupement est adossé à la Société de biographie <www.biographysociety.org>, qui réunit des chercheurs de différentes disciplines, dans diverses universités au niveau national et international. La Société de biographie, affiliée à d’autres réseaux et structures de recherche, organise des événements réguliers et favorise une veille scientifique et la circulation d’informations utiles à l’avancée de la recherche dans son champ.

L’objectif du Séminaire « Biographie » est de faire se rencontrer des chercheurs de différentes disciplines au sein d’Aix-Marseille Université, pour dégager dès que possible une problématique et des objets de recherche communs, susceptibles de constituer des réponses collectives structurées à certains appels à projets.

Liste des présents à cette première séance :

  1. Nicolas Boileau : LERMA, littératures anglophones
  2. Nicole Colin : ECHANGES, Transferts culturels
  3. Colette Collomp : CAER, Langue, littérature et civilisation médiévales
  4. Patrick di Mascio : LERMA, Histoire des idées
  5. Catherine Mazauric : CIELAM, littérature contemporaine d’expression française.
  6. Yannick Gouchan : CAER, Littérature et civilisation contemporaines
  7. Corinne Robet : doctorante CIELAM, Ateliers d’écriture
  8. Joanny Moulin : LERMA, Littératures anglophones.
  9. Phuong Ngoc Nguyen : IRASIA, Etudes vietnamiennes.
  10. Maryam Thirriard : doctorante LERMA, littératures anglophones
  11. Sophie Vallas : LERMA, littérature américaine
  12. Karyn Wilson Costa : LERMA, Littératures anglophones

Résumé des débats :

Le tour de table, au cours duquel chaque participant présente brièvement ses thématiques et objectifs de recherche, fait apparaître très fortement un tropisme commun vers la poétique du biographique, c’est-à-dire un intérêt partagé pour la biographie au sens large (incluant la biofiction, les récits de vie, l’autobiographie et l’autofiction) comme forme ou genre littéraire.

La diversité de rattachement disciplinaire des participants, principalement issus de laboratoires de Langues, Lettres et Arts, place la méthodologie des transferts culturels au centre du débat, à commencer par le fait que le biographie comme genre est reçue et perçue de façons très différentes dans différentes aires culturelles (en France et dans la francophonie d’une part, dans les pays anglophones et germanophones d’autre part). Au-delà du périmètre collectif des membres présents, ils soulignent très vite que la «  biographie » se définit avec insistance comme une thématique transdisciplinaire par excellence ; le désir se manifeste d’entrer en interlocution avec des chercheurs en histoire, dans les sciences humaines, et peut-être la science politique. En effet, par-delà les questions de poétique, la notion d’esthétique de la biographie ouvre la perspective en direction des questions de réception, et par conséquent d’histoire de la littérature et des idées, mais aussi de rôle de la biographie dans l’historiographie et les discours de représentation de la société. En témoigne la problématique poursuivie par le Biography Institute de l’Université de Groningue (Groningen, Pays-Bas), associé à la Société de Biographie : « partial biography » se comprend tout à la fois comme biographie « partielle » (remettant en question la poétique de la biographie comme récit d’une vie de la naissance à la mort), et biographie « partiale » (intervenant dans le champ historique et social pour y soutenir une thèse).

Le débat se poursuit sur la perspective des appels à projets. Les regards se tournent d’abord vers A*MIDEX, dont force est de constater que nous sommes pour l’instant en attente d’information quant à ses actions et appels à projets à venir (vraisemblablement à l’automne 2016). On souhaiterait qu’A*MIDEX propose des projets « blancs », ou à tout le moins des thématiques de recherche dans lesquels des projets littéraires et ALLSH trouvent aisément à s’intégrer. Les autres instances susceptibles de soutenir des projets de recherche collectifs sont à l’évidence l’ANR et l’ERC. Il est souhaitable que certaines demandes d’information en direction de la Fédération CRISIS, de la DRV, etc. soient effectuées d’ici la prochaine séance du séminaire.

On fait remarquer que les efforts consentis pour répondre à des appels à projets ne doivent pas se faire au détriment de l’animation et de la production de recherche à proprement parler. En tout état de cause, il importe en premier lieu de faire mûrir une dynamique de recherche collective. Le séminaire récurrent s’y emploiera, en proposant des comptes rendus d’ouvrages et des exposés de perspectives de recherche individuelles. Sa première phase consiste à préparer la Journée d’étude du 27 mai 2016 (16 participants de 6 laboratoires différents), qui devra constituer un point d’orgue, et débouchera sur une première publication. La seconde phase devrait être la préparation de la venue du professeur invité, Pr Hans Renders, chaire d’histoire et de biographie à l’Université de Groningue, du 17 octobre au 16 novembre 2016.

Les membres du séminaire demandent à utiliser le site web de la Société de Biographie, dont ils sont également membres, pour y échanger des réflexions relatives à cette entreprise collective de construction d’objets de recherche. En conséquence, on décide d’ouvrir, sur le site www.biographysociety.org, un carnet (blog) dédié — « Le Séminaire » —, où les participants au séminaire pourront continuer d’échanger leurs idées entre deux séances.

Membres du séminaire et liste de diffusion :

  1. BEAUGUION Françoise <beauguion_francoise@hotmail.com>
  2. BOILEAU Nicolas <nicolas.boileau@univ-amu.fr>
  3. BOYER-WEINMANN Martine <Martine.Boyer-Weinmann@univ-lyon2.fr>
  4. CESARO Pascal <pascal.cesaro@univ-amu.fr>
  5. COLIN Nicole <nicole.COLIN-UMLAUF@univ-amu.fr>
  6. COLLOMP Colette <colette.collomp@univ-amu.fr>
  7. COLLOMP Denis <denis.collomp@univ-amu.fr>
  8. DI MASCIO Patrick <patrick.dimascio@univ-amu.fr>
  9. DOAN Cam Thi <doancamthi@yahoo.fr>
  10. DUBOIS Francois <fpl.dubois@hotmail.fr>
  11. DUTRAIT Noel <noel.dutrait@univ-amu.fr>
  12. ESCLAPEZ Christine <christine.esclapez@univ-amu.fr>
  13. FERRANDO Julien <julien.ferrando@univ-amu.fr>
  14. GOUCHAN Yannick <yannick.gouchan@univ-amu.fr>
  15. HEDON Marie-Odile <marie-odile.hedon@univ-amu.fr>
  16. HUSSON Laurence <laurence.husson@univ-amu.fr>
  17. LAMBERT Guy <guy.lambert@univ-amu.fr>
  18. LOJKINE Stéphane <stephane.lojkine@univ-amu.fr>
  19. MAURICEAU Anaïs <anais.mauriceau@univ-amu.fr>
  20. MAZAURIC Catherine <catherine.mazauric@univ-amu.fr>
  21. MIOCHE Philippe <philippe.mioche@univ-amu.fr>
  22. MOULIN Joanny <joanny.moulin@univ-amu.fr>
  23. MURAT Jean-Christophe <jean-christophe.murat@univ-amu.fr>
  24. NGUYEN Phuong Ngoc <nguyenpngoc@yahoo.fr>
  25. NUSELOVICI Alexis <alexis.nuselovici@univ-amu.fr>
  26. OBERT Judith <judithobert@yahoo.fr>
  27. PARIENTE-BUTTERLIN Isabelle <isabelle_pariente@yahoo.fr>
  28. RENDERS Hans <J.W.Renders@rug.nl>
  29. ROBET Corine <corine.robet@univ-amu.fr>
  30. SORIN Claire <claire.sorin@univ-amu.fr>
  31. SOULARD Delphine <delph_soulard@yahoo.fr>
  32. STERRITT Laurence <laurence.sterritt@univ-amu.fr>
  33. THIRRIARD Maryam <maryam.thirriard@univ-amu.fr>
  34. TOPPANO-TRAÏNI Michela <michela.toppano@univ-amu.fr>
  35. TOUSSAINT Evelyne <ev.toussaint@orange.fr>
  36. TREMBLAY Alexandre <english.tremblay@gmail.com>
  37. VALLAS Sophie <sophie.vallas@univ-amu.fr>
  38. VIVIES Jean <jean.vivies@univ-amu.fr>

Calendrier du séminaire

12/05/2015 TV-AMU : LA PAROLE AUX HUMANITÉS N°4. Écrire la vie. Mires et leurres du biographique :Alexis Nuselovici, Stéphane Lojkine, Nicolas Boileau, Joanny Moulin
6-7/11/2015

 

WORKSHOP “BIOGRAPHY THEORY”: Hans Renders (University of Groningen), Nigel Hamilton (McCormack Graduate School, University of Massachusetts), Martine Boyer-Weinmann (Université Lumière Lyon 2), Sigurdur Magnusson (Reikjavik University), Joanny Moulin (AMU)

Fondation de LA SOCIÉTÉ DE BIOGRAPHIE / THE BIOGRAPHY SOCIETY www.biographysociety.org (Association « loi de 1901 » : société savante)

26/11/2015

11h15-12h45

TABLE RONDE aux Journées Portes Ouvertes de l’ED 354= “Récits de vie et biofictions” :Catherine Mazauric, Jade Nguyen, Yannick Gouchan, Judith Obert, Joanny Moulin, Maryam Thirriard, Alexandre Tremblay.
13/01/2016

 17h-19h

TABLE RONDE devant l’école doctorale ED354: “Les études biographiques : Jade Nguyen, Yannick Gouchan, Joanny Moulin, Maryam Thirriard.
24/02/2016

15h-17h

2.44

SÉMINAIRE “Biographie”: lancement du Séminaire récurrent

·        Tour de table

·        Objectifs

23/03/2016

15h-17h

2.44

SÉMINAIRE

·        Compte rendu de lecture : Towards a Poetic of Literary Biography de Michael Benton

·        Programme de la journée d’étude

·        (…)

20/04/2016

15h-17h

2.44

SÉMINAIRE
27/05/2016 JOURNÉE D’ÉTUDE : “Écritures biographiques”, org. : Phuong Ngoc (Jade) Nguyen & Joanny Moulin
15/06/2016

15h-17h

2.44

SÉMINAIRE

Rédacteurs : Maryam Thirriard et Joanny Moulin

The Development of Greek Biography de Arnaldo Momigliano

Compte rendu de Joanny Moulin,
Aix-Marseille Université (LERMA, EA 853)

arnaldo momigliano

Arnaldo Momigliano. The Development of Greek Biography. 1971. Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1993. Augmented edition including “Second Thoughts on Greek Biography”. 143 pages.
ISBN: 0-674-20041-1

Arnaldo Momigliano (1908-1987) était un historien italien, professeur à l’Université de Turin, puis à Oxford à partir de 1938, et ensuite à University College, Londres, dans les années 1970. Il est surtout connu en France par les ouvrages suivants : Philippe de Macédoine. Essai sur l’histoire grecque au IVe siècle (1934, trad. 1991), Sagesses barbares, les limites de l’hellénisation (1976, trad. 1979), Problèmes d’historiographie ancienne et moderne (1977, trad. 1983), Contributions à l’histoire du judaïsme (1987, trad. 2002), Les fondations du savoir historique (1991). Le présent ouvrage, The Development of Greek Biography, est le texte de quatre conférences : les Carl Newell Jackson Classical Lectures, qu’il a données à l’Université de Harvard (Massachusetts) en 1968. Il y engage le débat avec certains historiens des générations précédentes, principalement F. Leo (Die griechisch-römische Biographie nach irher litterarischen Form, 1901) et A. Dihle (Studium zur griechischen  Biographie, 1956), pour examiner à nouveau frais la « biographie hellénistique » (c’est-à-dire de la période hellénistique, communément bornée par la mort d’Alexandre en 323 AEC à la bataille d’Actium en 31 AEC), pour défendre l’hypothèse selon laquelle la biographie et l’autobiographie naquirent en Grèce, non pas comme on le lit souvent au VIe siècle au temps d’Aristote et de l’école péripatéticienne, mais dès le Ve siècle — entre 500 et 480 AEC—, bien que la plupart des sources qui permettraient de le prouver soient irrémédiablement perdues. Momigliano montre que la biographie apparaît dans la Grèce antique en même temps que l’histoire, et que biographie et histoire se distinguent l’une de l’autre dès l’origine. La biographie se conceptualise à l’époque hellénistique sous le terme de bios (les anciens Grecs ne connaissent pas le mot biographia, qui n’apparaît qu’au Ve siècle dans la Vie d’Isidore de Damascios le Diadoque). Encore le bios n’est-il pas une forme littéraire réservée à l’individu humain : Dicéarque (347-285 AEC) écrit par exemple une Βίος Ελλάδος (Vie de la Grèce), Varron (116-27 AEC) une Vita populi romani (Vie du peuple romain). De même, le terme d’autobiography est une invention moderne, qui apparaît d’abord en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle : « Le Grand Dictionnaire universel Larrousse déclarait en 1866 que “ce mot, quoique d’origine grecque, est de fabrique anglaise” » (p. 14). Les Anciens ne font guère de différence entre le bios écrit par soi-même et le bios écrit par un autre, si ce n’est que, contrairement à l’attente moderne,  « alors que les biographes étaient libres de s’abandonner aux éloges, les autobiographes semblent avoir été censés s’en tenir au factuel, du moins dans certains cas » (p. 15).

Momigliano compte parmi les tout premiers biographes le navigateur Scylax de Caryanda qui, d’après la Souda, explora pour Darius Ier les côtes de l’océan Indien, parce que les récits de voyages tiennent de l’autobiographie. La biographie trouve des sources multiples dans les généalogies des aristocrates, l’encomium célébrant les exploits d’un individu, enfin le désir de connaître la vie des héros et des dieux — car il exista de telles arétalogies : des autobiographies d’Isis et d’Osiris (Diodore), voire de Jupiter lui-même (Lacante) —, mais aussi la vie des anciens poètes, des figures historiques du passé et des hommes politiques du présent. Car la démocratie exige une connaissance des leaders, en même temps qu’elle favorise la rhétorique qu’enseignent les sophistes. Il se peut enfin, sans qu’on puisse le prouver, que les Grecs, comme les Hébreux, aient pu subir l’influence d’un Empire perse où l’autobiographie semble avoir été dans l’air du temps. Il reste que l’une des thèses les plus intéressantes de Momigliano est que les socratiques influencent la biographie en cela qu’ils la cultivent comme un genre hybride entre vérité et fiction, dans une position ambiguë entre faits et imagination. « Avec un homme comme Platon, mais aussi avec un homme moins éminent, bien que nullement plus simple, comme Xénophon, c’est une ambiguïté délibérément choisie. Les socratiques pratiquèrent une biographie expérimentale, et ces expériences avaient pour but de capturer les potentialités plutôt que les réalités des vies individuelles. Socrates, le principal objet de leurs considérations (…), n’était pas tant le Socrates réel que le Socrates potentiel » (p. 46). L’Apologie de Socrates, tout comme l’Anabase de Xénophon et plus encore sa Cyropédie, que Momigliano qualifie de « roman biographique » — « la première biographie, qui n’était pas une biographie du tout, mais un mélange de faits et de fictions visant à communiquer un message philosophique » (p. 56) —, ou bien encore les discours de l’orateur Isocrates contiennent des portraits de personnages publics, et non pas d’individus privés, qui ont en commun avec l’encomium, mais aussi avec la sculpture, l’art de construire des figures de grands hommes.

Dans son article annexe, « Second Thoughts on Greek Biography », Momigliano pose la question de savoir si l’on peut établir « une relation spéciale en l’école péripatéticienne et la biographie », et plus généralement si l’on peut dire qu’il y eut une « école péripatéticienne de biographie », et « si Aristote peut être considéré comme le créateur de la biographie hellénistique ». Dans son rapport critique à l’histoire, le dernier Aristote « considérait les faits historiques comme similaires aux faits naturels et les collectionnait de la même façon, et sous le même non d’historia » : on retrouve là le modèle de nos modernes antiquaires, de la Société des antiquaires de France, ou de la Society of Antiquaries of London. Mais quelle place tenait la biographie dans cette recherche systématique de faits historiques ? Chez les disciples d’Aristote, Momigliano relève un intérêt particulier pour le biographique, qui passe par les memorabilia et autres recueils de faits, de citations et d’anecdotes : anecdotes sur des événements et des personnalités étranges (paradoxa, thaumasia), collections de citations aphoristiques (apophtegmata, gnomai), ou d’exemples (paradeigmata). L’anecdote, surtout, se manifeste comme un microrécit fascinant parce qu’il révèle, à la manière d’un corrélat objectif, les vertus et les vices d’un individu. Cette recherche alimente chez les péripatéticiens la pratique du thème philosophique des genres de vie : vie contemplative des écrivains, vie active des militaires et des politiques, vie sensuelle, etc.

Si Aristote « ne franchit pas le pont entre anecdote et biographie », nombre de ses disciples le firent : Hermippe de Smyrne, qui utilisa les fiches de Callimaque pour produire des « prosopographies », ou collections de portraits biographiques d’individus groupés par professions ; Satyr de Callatis qui rédigea des biographies en forme de dialogue et déduisait des détails biographiques des tragédies d’Euripides Celui qui retient le mieux l’attention de Momigliano est Aristoxène de Tarente (c. 375-335 AEC), « le premier biographe péripatéticien », suivi entre de nombreux autres par Ariston de Céos, Antigone de Caryste et Sotion d’Alexandrie. Souvent instrument de propagande entre écoles philosophiques adverses, compromis jamais tout à fait résolu entre une recherche visant à répertorier les caractères humains et une accumulation jubilatoire d’anecdotes et de faits marquants, étroitement associée à l’étude philologique des textes, « la biographie cessa bientôt d’avoir une fonction spécifique au sein de l’école péripatéticienne ».

Cet ouvrage d’Arnaldo Momigliano, fascinant d’érudition, entreprend en somme une archéologie de la biographie, montrant comment elle se forme lentement, jumelle obscure de l’histoire, comme un phénomène pourtant bien identifié, manifestement pourvu d’une identité propre, dans l’histoire des idées. Ce qu’il explore ici, c’est une paideuma de la biographie, c’est-à-dire la formation paléologique et presque embryonnaire d’un genre promis à un curieux destin d’angle mort. Tout le discours de Momigliano s’oriente vers l’horizon d’attente les premiers grands biographes latins : Cornélius Népos (100 – c. 25 AEC) au temps de la conquête romaine de la Grèce et son De viris illustribus, puis Plutarque (46-125 EC) et Suétone (70-122 EC) dans les premiers siècles de l’ère chrétienne. Toutes les caractéristiques génériques de la biographies, presque toutes les grandes questions qui préoccupent jusqu’à nos jours les théoriciens de ce genre sont déjà présentes en germe dans la biographie hellénique (à moins que rétrospectivement Momigliano ne les y lise), à commencer par le débat entre la biographie plutarquienne, ou chronologique, et la suétonienne, ou systémique, qui opposa entre autres, au XXe siècle, les biographes américains Leon Edel et Paul Murray Kendall. Ce livre déjà un peu daté, petit par la taille, mais grand par l’érudition et sa maestria méthodologie de la science littéraire, dans la tradition des « philologues » d’antan, mérite d’être relu par quiconque s’intéresse à la biographie aujourd’hui.

Joanny Moulin,
Aix-Marseille Université (LERMA, EA 853)

Crédit photos : DFA|Sergio Grazia

Séminaire Biographie

Séminaire Biographie
Programme CRISIS
Maison de la Recherche, 29 av. R. Schuman, Aix-en-Provence

Séminaire de recherche récurrent, labellisé “Programme” par la Fédération CRISIS, ayant pour objet de faire se rencontrer des chercheurs et des étudiants de différentes disciplines au sein d’Aix-Marseille Université pour susciter une dynamique de recherche collective autour de la thématique de la biographie.

Agenda 2019-2020

28 novembre 2019 Joanny Moulin
Peter Ackroyd
biographe post‑factuel  
18h-19h30 salle 2.44
13 décembre 2019 Jean-Charles Perquin
Elizabeth et Robert Browning, l’œuvre ou la vie  
18h-19h30
T1 salle 3.09
23 janvier 2020  Joanny Moulin
Ian Kershaw
 biographe ou historien ?  
18h-19h30 salle 2.44
6 février 2020  Michele Corradi & Alonso Tordesillas
Arnaldo Momigliano
& Graziano Arrighetti  
18h-19h30 salle 2.44
12 mars 2020  Isabelle Pariente Butterlin Comment gagne-t-on un prédicat, les aléas de l’existence   18h-19h30 salle 2.44
9 avril 2020 Francesca Manzari
Vie de Lacan,
vie de la psychanalyse  
18h-19h30 salle 2.44
14 mai 2020 Yannick Gouchan
& Claudia Conti
Le livre de famille italien
dans les études biographiques (entre histoire et littérature)
18h-19h30 salle 2.44
18 juin 2020 Francesca Manzari
Vidas des Troubadours :
vies légendaires
18h-19h30 salle 2.44


Biographical Studies

Biographical Studies Seminar
Joanny Moulin & Hans Renders
Conference ESSE-13 in Galway (August 22-26, 2016)
Seminar: BIOGRAPHY

Biographical Studies are emerging as a field of research in the humanities, at a crossroads between several disciplines. This seminar would welcome contributions to the study of biography as a genre, considering that it raises specific issues that distinguish it from autobiography. It would equally be interested in approaches to the practice of biography as a method of academic research, from microhistory to literature and cultural studies. For instance, individual papers may address theoretical questions, case studies of particular biographers’ works, the history and the poetics of biography, the impact of the biographical turn, the evolution of biographical dictionaries, or the innovative influences of the biopic and digital humanities.

Convener:
Joanny Moulin, Aix-Marseille University, joanny.moulin@univ-amu.fr

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