"vers l'incalculable d'une autre pensée de la vie"

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Yannick Gouchan: recension de L’Homme qui se prenait pour le roi de France de Tommaso Di Carpegna Falconieri (Trad. Colette Collomp)

La biographie d’un mensonge : enquête sur la vie d’un imposteur dans l’Europe du XIVe siècle

Tommaso di Carpegna Falconieri, L’homme qui se prenait pour le roi de France, traduit de l’italien par Colette Collomp, Paris, Tallandier, collection « Lectures méditerranéennes », 2018, 286 p.

Prenez un marchand siennois du XIVe siècle que l’on persuade de se rendre à Rome pour s’entretenir avec l’homme d’État Cola di Rienzo, et imaginez qu’il va consacrer une grande partie de son existence à récupérer rien moins que le trône de France dont il prétend être l’héritier légitime. Si cela semble appartenir à la pure fiction historique, le livre de Tommaso di Carpegna Falconieri (professeur d’histoire médiévale à l’Université d’Urbino, auteur, entre autres, d’une biographie de Cola di Rienzo parue en 2002) nous prouve le contraire, car voilà bien une histoire authentique et extraordinaire qui donne lieu à une biographie où cohabitent harmonieusement l’enquête rigoureuse et le récit d’aventures picaresques, autrement dit une suite fabuleuse de l’histoire des “rois mauditsˮ devenue l’objet d’une docte investigation.

L’ouvrage a été publié en italien dès 2005 (L’uomo che si credeva re di Francia, chez l’éditeur Gius. Laterza & Figli) et Colette Collomp, professeur d’Études italiennes médiévales à Aix Marseille Université, en propose une traduction d’un grand intérêt pour tout chercheur en histoire du XIVe siècle et pour tout lecteur et amateur de biographie. Giannino est en effet le personnage d’une biographie rigoureusement documentée, l’objet d’une beffa dans la pure tradition toscane, et la victime d’une forme de bovarysme ante litteram.

Ce n’est pas seulement un ouvrage érudit (avec près de 45 pages de notes et de sources, des généalogies, une riche bibliographie – d’ailleurs mise à jour à l’occasion de l’édition française – et un index très complet des noms et des lieux), mais aussi le récit haletant d’un marchand-roi imposteur convaincu, parti de la Toscane pour se rendre à Rome, puis en Hongrie, puis dans la Provence des Papes (Avignon, Pont-Saint-Esprit), avant d’être emprisonné à Aix-en-Provence, puis à  Marseille, enfin au royaume de Naples où l’on perd sa trace, en 1362.

Comme l’indique avec malice Patrick Boucheron, spécialiste de Sienne au Moyen Âge et auteur de la préface de l’ouvrage, « on laissera au lecteur le plaisir de démêler le vrai du faux » dans la multitude de péripéties qui jalonnent le parcours de Giannino di Guccio, alias le roi Jean Ier de France, à partir du moment où il est convaincu par Cola di Rienzo de pouvoir prétendre au trône, en septembre 1354. En effet, le Tribun romain convainc le marchand siennois qu’il est le descendant direct des rois de France, après qu’un échange de nouveau-nés s’est produit à la cour des Capétiens. On raconte à Giannino qu’il a été échangé avec l’enfant de Marie, dame de la suite de la reine Clémence, et d’un marchand siennois, Guccio di Mino. Ce n’est donc pas l’histoire d’un personnage simplement mythomane mais la biographie d’un homme à qui l’on a fait croire qu’il pouvait revendiquer un titre royal et qui, au bout du compte, finit par se convaincre lui-même de cette possibilité, à force de falsifications. Le contexte de la Guerre de Cent ans fut propice aux revendications en tout genre pour réclamer le trône, alors que le seul fils de Louis X le Hutin, Jean Ier le Posthume, était mort à l’âge de quatre jours (apparemment empoisonné par Mahaut d’Artois, en 1316) et que son oncle, Philippe V le Long, avait pris le pouvoir, tandis que l’ambition française d’Edouard III d’Angleterre, héritier légitime, se renforçait.

La biographie de Giannino reconstituée par Tommaso di Carpegna Falconieri (à partir d’une découverte effectuée lors de ses précédentes recherches sur Cola di Rienzo) se fonde sur un texte, dont l’authenticité fait encore débat, intitulé Istoria del re Giannino di Francia, source principale sous forme de mémoires du personnage siennois. Ce texte, ainsi que le récit d’une existence exceptionnelle qu’il véhicule, furent repris à partir du XIXe siècle, en France (voir la Dissertation historique sur Jean Ier, roi de France et de Navarre, suivi d’une charte par laquelle Nicolas de Rienzi reconnaît Giannino, fils supposé de Guccius, comme roi de France…, 1844, cf. p. 254 de l’ouvrage) et en Italie (l’édition du manuscrit de l’Istoria remonte à 1893), jusqu’à la saga admirable du romancier Maurice Druon, Les Rois maudits (à partir de 1955), dont on peut considérer qu’elle constitue l’épisode antérieur à l’histoire de Giannino.

Même si l’épisode de cet imposteur “de bonne foiˮ qui se prenait pour Jean Ier reste un événement extrêmement mineur dans l’histoire de France, le récit de vie issue de son Istoria et transformée par Tommaso di Carpegna Falconieri révèle toute la force de la fiction biographique, jusqu’au dénouement du dernier chapitre (le chapitre VI) qui reprend l’histoire en tentant de démonter, avec une savante habileté, ses rouages falsificateurs, notamment le complot tramé par l’entourage du roi de Navarre. Après 150 pages d’une course effrénée, ce vaste chapitre tente de prendre en examen les mécanismes à l’origine de l’histoire, de la légende et de la littérature.

S’il existe bien un “plaisir du texteˮ, cet ouvrage confirme qu’il existe par conséquent un “plaisir de la biographieˮ, entretenu à chaque page par l’accord naturel entre le récit d’une vie d’aventures extraordinaires et la conviction de leur authenticité, si bien que la réalité de Giannino semble dépasser toutes les fictions imaginables sur ce Moyen Âge irrévérencieux (cf. la préface, p. 9) où s’entrecroisent plusieurs héritages littéraires, parmi lesquels domine le courant de la novellistica toscane, issue de Boccace. Le récit haletant que propose Tommaso di Carpegna Falconieri relève le défi d’une grande exigence historique tout en réservant son lot de péripéties, de retournements de situation et d’aventures improbables (on pense au merveilleux roman Baudolino d’Umberto Eco), à savoir un mariage heureux entre l’intrigue médiévale la plus palpitante (on pense aux origines du personnage d’Aragorn, chez Tolkien, mais surtout à George R. R. Martin qui s’inspira en partie de l’histoire de Giannino pour sa célèbre saga Game of Thrones) et la recherche historique savante la plus pointue, car la consultation des notes montre à quel point la reconstitution de l’existence du personnage et du contexte de son imposture se fonde sur des sources multiples. On saluera, pour terminer, le remarquable travail d’adaptation dont a fait preuve la traductrice française (Colette Collomp) qui n’a pas seulement transposé une langue fluide et précise, mais a aussi su transmettre au lecteur, averti ou non, ce “plaisir biographiqueˮ mêlé d’attention savante et de plaisante empathie pour cet homme à la fois manipulé et calculateur qui a fini par croire à son propre mensonge. On ne peut qu’approuver le fait que cet homme suscite chez le lecteur contemporain « fascination et mélancolie » (p. 18).

 Yannick Gouchan

Aix Marseille Université, CAER, Aix-en-Provence, France

Antoine CAPET: Churchill, le dictionnaire

Antoine CAPET
Churchill, le dictionnaire
Paris: Tempus/Perrin, 2019
Préface de Randolph Churchill
Avant-propos de François Kersaudy

S’il existe de nombreux livres – essais et biographies – s’intéressant à l’emblématique Winston Churchill, aucun volume rassemblant le maximum de données sur cette figure de proue aux multiples facettes n’avait jusqu’alors été publié. C’est précisément l’ambition de ce dictionnaire. Au moyen de courts chapitres et notices,  Antoine Capet offre une synthèse complète de tous les faits qui ont marqué la vie, publique et privée, de Churchill. Puisant aux meilleures sources, chaque notice permet aux lecteurs de s’informer rapidement sur tel ou tel événement de son exceptionnelle carrière militaire, politique et littéraire, sur ses liens d’amitié ou d’hostilité vis-à-vis de ses compatriotes et des autres décideurs qu’il a connus de près, sur sa difficile vie familiale en dehors de son bonheur conjugal, ou encore sur ses goûts et loisirs d’homme privé. Cet ouvrage aide à mieux cerner la vie et l’œuvre d’un être exceptionnel, avec ses multiples contradictions, ses vertigineuses faiblesses, ses dons étincelants et ses éclairs de génie.

Thomas Keller: „Transkulturelle Biographik und Kulturgeschichte“

Thomas Keller
„Transkulturelle Biographik und Kulturgeschichte“
Internationales Archiv für Sozialgeschichte der deutschen Literatur
38, no 1 (2013): 121–171
https://doi.org/10.1515/iasl-2013-0

This remarkably erudite article by Pr Thomas Keller, of Aix-Marseille University (ÉCHANGES E.A 4236), examines the particular case of transcultural biographies, especially in the context of German/French cultural transfers. Keller focusses on the life stories of migrants, exiles and other intermediaries who bridge the gaps between the two cultures. In the process, he defines the ‘biographical pact’, thus underlining the specificity of biography relatively to autobiography and other forms of life writing. This is only one of the several thought-provoking operative concepts he coins, which are most likely to prove seminal for the advancement of biography theory. Among these, one of the most arresting aspects of Keller’s theoretical thinking is his reflection on what we could call the idea of emplotment, or, in other words, the shaping influence of discourses and other narratives and mythological models, close to what Émile Durkheim (after Francis Bacon) called ‘pre-notions’ (‘prae-notiones“), intervene not only in the writing of biographies, but already in the ways in which the subjects lead their lives, especially the pluri-/trans-cultural life courses or life stories that he analyses here with entomological precision. These frontier-zone personalities, he says, who are not so much individuals as ‘dividuals’, inhabit fully neither the one cultural area nor the other, but develop a third space, a contact zone of their own, in which they exist by a kind of continual role-playing and role-shifting, or ‘role rotation’, chameleon-like, evolving in the midst of ‘plurivocal archives’ of their one making, which create special challenges for their biographers. Keller’s argument is backed by a plethora of references to biographies in the French-, German- and English-speaking worlds, in the brilliant, pragmatic, no-nonsense tradition of Literatuwissenschaft: just the type of sturdily effective work that is needed to trigger breakthroughs in Biographieforschung, i.e. academic Biography Studies.

Joanny Moulin, 11/01/2018

Vivre une vie philosophique de Michel Onfray

Joanny Moulin
“Capacité négative”

Recension de
Vivre une vie philosophique — Thoreau le sauvage
de Michel Onfray
Paris : Le Passeur, 2017
122 pages, ISBN13 : 978-2368905432

“Le livre qu’on lit a beau être bête, il importe de le finir ; celui qu’on entreprend peut être idiot, n’importe ! écrivons-le !” Cette pensée de Flaubert traduit fort bien l’impression que fait l’ouvrage de Michel Onfray, Vivre une vie philosophique — Thoreau le sauvage, car c’est un livre qui en fin de compte vous amène à tirer des conclusions contraires au discours qu’il tient (ou vice versa). Fidèle à la méthode de sa Contre-Histoire de la Philosophie, l’épicurien normand affectionne une approche biographique, préférant déguster ses auteurs sur place, un peu aussi comme Sartre disait aimer le jazz et les bananes, c’est-à-dire lire leurs œuvres toujours dans le contexte de leur vie. Ceux qui choisissent de voir le fondateur de l’Université populaire de Caen en réactionnaire barbant auront beau jeu de dire qu’il pratique une critique beuvienne, sur le mode désuet du « Untel, sa vie, son œuvre ». C’est une sorte d’écologie critique, une AMAP littéraire : un peu comme il existe des Associations pour le maintien d’une agriculture de proximité, Onfray pratique une critique durable qui ne rompt jamais les liens entre les idées d’un auteur et le sol de la vie où elles ont poussé. Philosophe biographe, Onfray possède au plus haut point le talent d’empathie : philosophe caméléon comme John Keats se voulait « poète caméléon », totalement exempt de ce « snobisme chronologique » que dénonçait C. S. Lewis et qui est en somme l’imbécile illusion de supériorité des modernes sur les anciens, il cherche à comprendre les auteurs de l’intérieur, en se mettant à leur place sans quitter la sienne, le temps d’un essai. De Keats, Onfray hérite encore la « capacité négative », c’est-à-dire la capacité de vivre des contradictions sans être trop impatient de rejoindre la terre ferme de la rationalité conceptuelle. « Est-ce que je me contredis ? » disait Walt Whitman. « Très bien, alors je me contredis, je suis grand, je contiens des multitudes ».

Walt Whitman, Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson : transcendantalisme, romantisme américain, transplantation en Amérique du Nord de l’idéalisme philosophique allemand pour en faire la pierre de touche de la Déclaration d’indépendance intellectuelle de l’Amérique. Contradiction, paradoxe d’une philosophie qui tourne le dos au Vieux Monde et pourtant en a tout importé, y compris la contradiction revendiquée comme une marque d’originalité, y compris le culte des grands hommes. Emerson, pour qui « Il n’y a pas d’histoire à proprement parler, seulement la biographie des grands hommes », tenait cette idée de Carlyle, grand auteur écossais de l’essai sur Les héros (On Heroes and Hero Worship and the Heroic in History). « Qu’est-ce qu’un grand homme ? » demande Onfray dès le titre de son premier chapitre. « À quoi sert le grand homme ? À être un modèle – il nous faut le suivre ; à contaminer par son expérience ; à générer de nouveau de grands hommes ; autrement dit, à assurer le progrès de l’humanité qui, péché contre le marxisme, ne s’accomplit pas avec les masses, mais avec les individualités d’exception. » Mais qui parle ? Onfray, Thoreau, Carlyle ou Emerson ?

Qu’admire-t-il au juste en Thoreau, hormis son franc-parler d’ours mal léché, puant littéralement tant la toilette du corps relevait pour lui du superflu d’une civilisation dévoyée ? À en croire le portrait qu’il brosse de Walden ou la vie dans les bois, aucune de ses idées ne survit au test de sa vie. « La biographie, remarque Onfray, rend justice de ces clichés romantiques… » « On se représente le philosophe en Diogène américain », mais il n’a vécu dans sa cabane que vingt-six mois en tout, comme dans une sorte de villégiature, rentrant chez lui tous les deux jours pour se restaurer de cuisine bourgeoise. « On imagine la vie du rebelle derrière les barreaux », forgeant la légende du chantre de La désobéissance civile emprisonné pour avoir refusé de payer la part de ses impôts au prétexte qu’ils servaient à financer un régime esclavagiste, mais il ne passa qu’une nuit dans une geôle rurale, libéré le lendemain matin quand un parent paya sa caution. Thoreau le pacifiste qui dit-on inspira Gandhi se fit l’apologiste de la violence politique, dans son Plaidoyer pour John Brown où il prenait fait et cause pour cet assassin d’esclavagistes. « Thoreau se méfie des livres », et peut-être à cause de cela il n’a guère une idée qu’on ne trouve dans quelque ouvrage, celle-là même venant tout de droit de William Wordsworth — « les livres nous trompent ! » — qui ne l’avait lui-même pas trouvée tout à fait tout seul.

On retient que Thoreau serait grand parce qu’il vit sa philosophie autant qu’il philosophe sa vie. Il serait ainsi un philosophe véritable et non point un « professeur de philosophie », à l’instar de tous ceux qu’Onfray l’athée anticlérical nomme « les curés du christianisme, les curés de l’université, les curés de l’idéalisme allemand, les curés de la French theory »… Héritant de Schopenhauer son dédain de Hegel, Onfray l’étend aux fumeux thuriféraires français du concept, au premier rang desquels Deleuze « l’inventeur de personnages conceptuels », « le créateur de glossolalies », et Derrida croyant « que tout ce qui est se résume à ce qui a été dit de ce qui est ». Le professeur Onfray, nous parlant toujours comme à ses ouailles, nous résume succinctement les principales idées d’Emerson pour montrer avec quelle originalité Thoreau s’efforça de les appliquer dans sa vie. Sans doute, en effet, est-il nécessaire d’enseigner à ses lecteurs qui fut Emerson et ce que fut le transcendantalisme, car l’influence du Nouveau Monde sur l’Ancien est aujourd’hui telle que, par une application aussi abusive qu’inconsciente de certaines idées d’Emerson, on en viendrait presque à prendre l’illettrisme pour une vertu. Et de prêcher la supériorité de la philosophie américaine sur le conceptualisme de « l’Europe philosophante », et de nous mettre en garde contre une pensée trop exclusivement livresque, parce que « ces façons de faire conduisent souvent à dire des bêtises, voire à en faire… » En effet, Onfray parle en connaissance de cause.

Darwin Bashing

Joanny Moulin
“Darwin Bashing”

Review of
Charles Darwin, Victorian Mythmaker
by Andrew Norman Wilson
London: John Murray, 2017
448 pages, ISBN-13: 978-1444794908

The main temptation to read A. N. Wilson’s Charles Darwin, Victorian Mythmaker is that it presents itself as a “damning biography”, written by a latter-day discipline of Lytton Stratchey, the great “debunker” and paragon of the New Biography: Wilson clearly sets out to tilt at the impavid statue of another eminent Victorian. Alas! His attempt soon proves Quixotic. Wilson’s tone and style are those of the polemicist, and he declares his intention in capital letters from the very start: ‘DARWIN WAS WRONG. That was the unlooked-for conclusion to which I was inexorably led while writing this book.’ This is a biographie à thèse, although the exact nature of Wilson’s thesis is rationalized only in the last chapters. To begin with, Wilson’s take is that Darwin’s theory was less a purely scientifically valid proposal that the produce of his historical time and social class: a vision of the world chiefly inspired by Malthus’s economics that operated as a justification of the bourgeoisie of which Charles Darwin was the unrepentant offspring. This pushing at open doors is the pretext to an unrelenting aggression, no doubt partly motivated by class resentment, as Wilson’s father was once an employee of Wedgwood’s, the family of Charles Darwin’s mother, Susannah, and of his wife, Emma, who was also his cousin. ‘It remains to be seen, as this class dies out, to be replaced by quite different social groupings, whether the Darwinian idea will survive, or whether, like other cranky Victorian fads’.

The syllogism on which this argument is based, as if to say: Darwinism is the doctrine of the survival of the fittest, and Darwin’s social class is being replaced by others at the top of the ladder, therefore Darwinism, especially social Darwinism is not scientifically valid, is disturbingly based on approximations, often so gross that they amount to falsehoods. For instance, Wilson purposefully forgets that ‘the survival of the fittest’ was not Darwin’s phrase in the first instance, and that Darwin himself said nothing at all of the social applications of his theory, which were developed later by some of his followers. That these remarks will eventually be made, very late in the book and as if grudgingly, does not exonerate the biographer from the fault of having ignored them in the first place. Paradoxically, Wilson practises a kind of implicit ‘Darwinism’, as if science was a matter of struggle between various theories, and scientific truth the result of the survival of the fittest of those at a given historical time.

To such approximations and blunt assertions made in blatant bad faith must be added a number of factual errors with which the book is literally ridden, but to point them out would not only be tedious, it would mean entering the lists of the time-worn polemic between defender and detractors of Darwin, which is precisely the sterile terrain on which Wilson hopes to thrive. By an inversion of the most arrant tricks of hagiography, Wilson insists on reading into the childhood of Charles Darwin the signs of his supposed intellectual dishonesty. The very title of the book, Charles Darwin, Victorian Mythographer, implies that Darwin was deliberately insincere from the start, as a man and therefore as a scientist. For instance, the biographer pounces on Darwin’s own confession, in his autobiography, of his propensity to tell fibs as a child, to jump to the conclusion that he was constitutionally dishonest: ‘“I may here also confess that as a little boy I was much given to inventing deliberate falsehoods, and this was always done for the sake of causing excitement.” The solipsism and the dishonesty would scarcely be worth mentioning in so small a child, were it not that both characteristics were carried on into grown-up life.’

In like manner, Wilson denies Darwin’s endorsement of Darwin-Wedgwood family’s involvement in the anti-slavery movement, going as far as to imply that his personal response to the question on the well-known Wedgwood medallion, “Am I not a man and brother?” was most certainly negative. On the contrary, in his narrative of the voyage of the Beagle, the biographer omits the episode of Darwin’s row with Fitzroy on the question of slavery, and his explicit disgust when he witnessed the behaviour of slaveholding planters in Brazil, but emphasizes every word in Darwin’s writing that do unfortunately reflect Victorian racial prejudices, which by twenty-first-century standards are bound to be deemed politically incorrect, to impart that in fact Darwin was a racist, and that he implicitly condoned in advance the social Darwinism and eugenics of some Darwinians, going as far as to imply that Darwin paved the way for Nazism. ‘Of these myths,’ write Wilson in the last chapter, ‘one of the most potent is the Darwinian belief that “all of nature is a constant struggle between power and weakness, a constant struggle of the strong over the weak”.’ […] ‘(The sentence I quoted at the end of the last paragraph was, of course, spoken not by Darwin or Huxley but by Adolf Hitler in a speech entitled “World Jewry and World Markets, the Guilty Men of the World War”.)’

This is guerrilla tactics: the biographer is dogging his subject at the heels, constantly on the lurk for the next opportunity to bite. From beginning to end, we are served with a drab, factually dubious narrative, interlarded with scathingly judgemental interventions by the biographer. Two drives, shooting at cross purposes, pull the narrative forward: chronology and criticism. Wilson is unravelling the yarn of Darwin’s life, leaving no stone unturned to find what his critical verve could pounce upon, declaring that he ‘would be cautious about judging men and women of the nineteenth century by the standards of the twenty-first’, yet constantly doing so in the same breath. On the whole, Wilson keeps looking down on Darwin, in a typical illustration of what C. S. Lewis called ‘”chronological snobbery”: the uncritical acceptance of the intellectual climate common to our own age and the assumption that whatever has gone out of date is on that account discredited’ (Surprised by Joy).

What makes this a bad biography has nothing to do with the biographer’s opinions about his subject, or with his polemical style as such, but everything with his lack of subtlety and deontological responsibility as a writer. In other words, Wilson has jettisoned any idea of the indispensable self-discipline of a biographer to avoid a posture of omniscience that is purely a benefit of hindsight, and makes no effort whatsoever to try and understand the personages in their own time, but on the contrary, he manifests a willingness, and insistence on not doing so. If reading his book is an aesthetic experience of sorts, it is a negative one, very similar to that of reading one of those pulp fiction novels where awkward scenes of sex and violence are interspersed by lengthy passages that seem to be dull on purpose to create cheap suspense. Thus, the life narrative stretches are the run-of-the-mill episodes of Darwin’s well-known life, written out without any innovation or dramatization, watered down by unessential detailed portrayals of secondary characters, that serve as the background against which the next bilious onslaught of the biographer’s discourse will soon flare up.

Towards the middle of the book, one realizes that the writing oscillates between two modes: narration, or the life story, and argumentation, or the unfolding of the biographer’s discourse in reflexive commentaries. Some chapters, one feels, are predominantly narrative with a discursive minor, others the other way around, in irregular alternation. This goes on roughly for two thirds of the book, until the year 1859. Then, with the publication of the On the Origin of Species, Wilson shifts over to summarizing the main argument of Darwin’s work, and criticizing it from the point of view of 20th and 21st century science, convoking a plethora of modern scientists, among whom Stephen Jay Gould, Richard Dawkins, Michael Denton, Dan-Eric Nilsson and Susanne Pelger, etc. Meanwhile, the biographer addresses the readers to comment on the versions of the Origin they have probably read, staging himself at his writing desk, describing the physical aspect of the sources, again relentlessly casting doubt on Darwin’s honesty, comparing him to a conjuror, as if he had been a mere self-server, propounding a theory that he knew to be false in his self-serving thirst for fame.

Putting aside matters of opinion and literary good manners, the major problem is that Wilson is transgressing the codes of the genre, stepping out of the biography into the essay, or more exactly the pamphlet. It is not a case of hybridization of the genres, but of code-shifting. Wilson is constantly jumping over the fence and back, leaving the stage as a biographer to reappear immediately in a pamphleteer’s costume, and then vice versa. The problem is not that a so-called ‘reading pact’ be breached, but that by doing so Wilson loses his credibility both as biographer and as pamphleteer. The result is farcical, Wilson’s antics producing an effect of involuntary humour, very much like a struggling stand-up artist, or a ventriloquist whose puppet interrupts him in an obstreperous voice and register. In other words, Wilson’s chronological snobbery goes into overdrive, and becomes caricatural.

Wilson’s role model is clearly Lytton Stratchey: he inherits his bias against yet another ‘eminent Victorian’, but without Strachey’s wit and humour, and from a standpoint rendered inefficient by the overextended time gap, as the satirical debunking of the Victorian simply cannot have the same relevance today as one century ago. In this respect, Wilson’s imitation Stracheyan style is as outdated as a ventriloquist’s show: it is hopelessly Kitsch.  Furthermore, Wilson commits a variant of Stachey’s redhibitory fault of style in Elizabeth and Essex, where the ‘New Biographer’ mixed fiction with non-fiction. Writing an essay to demonstrate, or a pamphlet to castigate, the supposed ineptitude of Darwin’s theory is one thing. Writing Darwin’s biography is another, because the arguments against the enduring validity of Darwin’s theory are not to be found in Darwin’s life, but in the afterlife of his work. Wilson would have had a point if he could have demonstrated that Darwin was a ‘mythographer’ in the sense that he deliberately set out, in his own time, to produce a myth, that is to say a fake theory, motivated only by his yearning for fame and riches. But that is not what Wilson is doing; although he repeatedly insinuates as much, his work as a biographer strictly speaking relentlessly demonstrates the contrary against his better knowledge. The shifting over from a narration of Darwin’s life to a discussion of the reception of Darwin’s theory would have been critically profitable as long as it remained historically consistent. The anachronism of assessing Darwin’s theory from the vantage point of ulterior knowledge — see for instance Wilson’s use of modern genetics: ‘Darwin wrote in complete ignorance of the modern science of genetics, and what he knew of embryology was, by the standards of our times, primitive in the extreme’—is damaging to the biographer’s work, not to his subject’s, because on the epistemological level it is a gross fault of method, while on the level of aesthetics it is a grotesque fault of taste, and on the deontological ground it is dreadfully inelegant.

For all its failings, Wilson’s book deserves some degree of critical redemption when he eventually explains his point, showing that he was perhaps not motivated so much by a hatred of Darwin, as by sheer disbelief, considering that Darwin’s theory does not hold water as an overall explanation of the world, and that it deserves to be deconstructed, just as ‘Freud and Marx have been toppled from their thrones in our own day’, as the ‘great narrative’ or ‘ideology’ that Wilson says it is, without having necessarily got to be replaced by an alternative theory. Here, Wilson the belated Romantic evokes John Keats, vindicating ‘negative capability’, that is, ‘when a man is capable of being in uncertainties, mysteries, doubts, without any irritable reaching after fact and reason’, the latter being, in Wilson’s eyes, ‘the foundation of the modern obsession with science.’

It seems most likely that A. N. Wilson started off to write yet another biography of Darwin, and that in the course of his work his ideas about Darwinism matured to the point of entailing a mutation of his project into a pamphlet on evolution theory. The other option may be that he deliberately set out to use the popular genre of biography as a potentially powerful vector for his ideas about the theory of evolution today. One way or another, he opted for a losing strategy, because by mixing the two genres, or rather by superimposing to different projects onto one another, he has exposed himself to unavoidably negative criticism on both sides. It is a well-known anecdote that the publisher John Murray III said that he considered the Origin of Species ‘as absurd as contemplating a fruitful union between a poker and a rabbit’, but decided to publish it all the same because he thought the book would be much discussed. Although it falls very short of equalling Darwin in scandalous fame, Wilson’s Darwin, also published by John Murray, sets out to puncture the myth of the great man, and is deservedly skewered in critical discussions.

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